Depuis plus d’une trentaine d’années, Moisson Montréal récupère et redistribue des denrées alimentaires à des organismes communautaires montréalais. En 2003, cette banque alimentaire distribuait entre 60 et 80 tonnes de nourriture chaque jour! Avec une activité de cette envergure, de grandes quantités de déchets étaient par conséquent générées, pour la plupart de nature organique et donc compostables.
Le projet de compostage agricole
Un projet pilote de compostage agricole a ainsi vu le jour en 2002 dans le but de détourner de l’enfouissement les déchets alimentaires de Moisson Montréal. Ce projet est né d’un partenariat entre le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Moisson Montréal, le CRE
Dans le cadre de ce projet, les résidus alimentaires de Moisson Montréal étaient transportés directement chez les agriculteur.trice.s de Laval, qui compostaient cette matière sur leurs terres pour ensuite l’utiliser à des fins d’amendement agricole.
Ce projet environnemental innovateur a été un franc succès : des centaines de tonnes de fruits et de légumes ont été transformées en un compost de très haute qualité, un résultat qui lui a conféré le titre du plus important projet de valorisation et de transformation des matières putrescibles en compost au Canada. Le projet a même été récompensé en 2003 par un Prix Phénix de l’environnement dans la catégorie « Mise en valeur des matières résiduelles »!
Un projet aux multiples bénéfices
Tout d’abord, en réduisant le tonnage de déchets enfouis, le projet a aussi permis de diminuer la production de méthane (gaz à effet de serre produit lors de la décomposition de la matière organique dans les sites d’enfouissement) et de lixiviat, soit le liquide qui s’écoule des sites d’enfouissement et qui provient du ruissellement de l’eau de pluie à travers les déchets et les nombreux produits toxiques en place.
Dans les champs, la transformation de la matière organique en compost a permis de nourrir les sols agricoles de façon naturelle et complète. Le compost favorise la rétention de l’eau dans le sol, en améliore la structure et la texture, tout en réduisant les risques de compaction. En plus de fournir un apport en fertilisants naturels, le compost permet de combler la perte continuelle de terre dans les champs cultivés que les pluies et les vents emportent. La boucle est ainsi fermée : les résidus alimentaires retournent au champ tout en limitant le transport de ces matières.
Sur le plan économique, le projet a par ailleurs permis à Moisson Montréal de réduire les coûts associés à la gestion de ses matières résiduelles.
La fin du projet
Le projet n’a malheureusement pas perduré pour la raison suivante: le financement par le gouvernement du Québec à Moisson Montréal a cessé. De ce fait, l’organisme n’était plus en mesure de rentabiliser ses efforts pour remplir sa mission première tout en maintenant son implication dans le projet de compostage.
De plus, lors de la collecte des résidus verts à l’automne, la Ville de Laval envoyait une partie des feuilles mortes récoltées chez les agriculteur.trice.s pour que ceux-ci en fassent du compost. Toutefois, le manque de rigueur de certain.e.s citoyen.ne.s faisait en sorte que les agriculteur.trice.s se retrouvaient avec des débris non compostables qui endommageaient leurs équipements. Ces personnes devaient ainsi gérer une augmentation des matières résiduelles.
Si le projet devait se faire à nouveau, le CRE de Laval recommanderait de développer un volet d’éducation et de sensibilisation.
Ce projet inspirant de compostage de la terre à table n’a pas résisté aux problèmes structurels et conjoncturels. Peut-être saura-t-il en inspirer un autre…
Le compostage à Laval
Aujourd’hui, la Ville de Laval procède à la collecte des bacs bruns sur le territoire de l’île Jésus. Le Service de l’environnement et de l’écocitoyenneté de la Ville de Laval nous a confirmé qu’il en résulte un compost de catégorie A (BNQ 014-200/2016), soit d’excellente qualité. Aucune restriction d’usage n’y est associée, donc il peut être utilisé sur les terres agricoles, dans les jardins et les potagers, en horticulture, en pépinière, etc. Le compost issu de la collecte est donc valorisé par la vente de compost à la population, pour des projets de plantations et de jardins communautaires et pour faire différents travaux et aménagements publics (Source: Ville de Laval, avril 2020).
