Lac des Deux-Montagnes

Lac des Deux-Montagnes

 

Le lac des Deux-Montagnes est un grand plan d’eau situé à la pointe ouest de l’île Jésus. Peu profond (2 à 6 mètres en moyenne) et occupant 150 km2 de superficie, le lac est également bordé par 18 autres municipalités et la réserve mohawk de Kanesatake:

 

  • Saint-André-d’Argenteuil

  • Saint-Placide

  • Oka

  • Pointe-Calumet

  • Sainte-Marthe-sur-le-Lac

  • Deux-Montagnes

  • Laval-sur-le-Lac

  • L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève

  • Senneville

  • Sainte-Anne-de-Bellevue

  • Île Perrot

  • Terrasse-Vaudreuil

  • Vaudreuil-Dorion

  • L’Île-Cadieux

  • Vaudreuil-sur-le-Lac

  • Hudson

  • Rigaud

  • Pointe-Fortune

 

Secteur du Lac des Deux-Montagnes. Carte tirée de Robitaille, J. (1999).

 

Avant le XXIe siècle, plusieurs pressions d’origine humaine se faisaient sentir sur l’écosystème du lac. En effet, 20% de ses rives se faisaient artificialiser par des murets de béton, les nombreuses usines de pâtes et papiers le long de la rivière des Outaouais y rejetaient directement leurs effluents et l’industrie forestière y pratiquait le flottage du bois jusqu’en 1994. Le développement des villes à l’ouest du lac était surtout axé sur la filière agricole, responsable de nombreux intrants chimiques (comme l’azote ou le phosphore) dans les cours d’eau. Les villes situées à l’est ont quant à elles d’abord été des noyaux de villégiature pour les gens provenant de l’île de Montréal. De nos jours, ces activités sont réglementées ou interdites et la qualité des eaux du lac s’en trouve donc grandement améliorée, étant maintenant considérée « excellente ».

 

La qualité des eaux du lac et sa proximité avec un grand pan de la population métropolitaine en font donc un site d’importance pour de nombreuses activités de loisirs, notamment la baignade, l’observation de la faune, la pêche ou encore la navigation de plaisance. En effet, plusieurs milliers d’embarcations sont recensés chaque année sur le lac et dans les écluses du barrage de Carillon, en plus des quelque 700 000 personnes qui fréquentent le Parc national d’Oka annuellement.

 

Les eaux du lac

Bien que le lac des Deux-Montagnes soit inclus dans la plaine du Saint-Laurent, ses eaux sont bien différentes de celles qui s’écoulent dans le fleuve. C’est principalement parce qu’elles proviennent du bassin versant de la rivière des Outaouais et non du bassin des Grands Lacs. La rivière des Outaouais prend naissance en Abitibi et draine toute l’eau de plusieurs bassins versants qui s’étendent sur 146 000 km2 de Sainte-Adèle jusqu’à Rouyn-Noranda. Arrivée dans les Basse-Terres, elle s’élargit pour former le lac des Deux-Montagnes, qui est également alimenté par la rivière du Nord. La figure suivante montre l’étendue de ces bassins versants, indiquant que chaque goutte d’eau se trouvant à l’intérieur de ces limites s’écoule vers la rivière des Outaouais.

 

Limites des bassins versants compris dans le bassin versant de la rivière des Outaouais (Gouvernement du Québec, 2015)

 

L’eau qui alimente le lac des Deux-Montagnes est dite « brune » parce qu’elle provient de la forêt boréale, où les sols plus acides (podzols) libèrent des acides humiques et fulviques dans les lacs et ruisseaux, leur conférant une coloration brunâtre. À titre comparatif, les eaux « vertes » qui alimentent le fleuve Saint-Laurent sont plus claires parce qu’elles proviennent du bassin versant des Grands Lacs, où les eaux sont plus minérales et moins turbides.

 

Cela ne signifie toutefois pas que les eaux « brunes » ne sont pas adéquates à la consommation! En effet, deux usines d’approvisionnement, soit à Oka et à Deux-Montagnes, puisent leur eau potable à même ce lac. Les municipalités en aval s’approvisionnent quant à elle indirectement du lac. Pensons à Montréal, Pincourt, Pointe-Calumet, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue et Sainte-Marthe-sur-le-Lac, pour ne nommer que celles-là, qui puisent leur eau en aval, soit dans le lac Saint-Louis ou dans le fleuve Saint-Laurent. Mentionnons aussi les villes bordant la rivière des Mille-Îles (dont la majorité de l’eau provient du lac) comme Laval, Rosemère ou encore Terrebonne. Bref, on estime que plus d’un million de personnes résidentes dépendent des eaux de ce lac.

 

C’est d’ailleurs ce nombre important de personnes ayant besoin des eaux du lac pour leur approvisionnement personnel qui a poussé le CRE de Laval, en collaboration avec de nombreux autres organismes, à promouvoir la création d’un « sanctuaire d’eau propre » qui assurerait la protection de cette ressource pour les générations à venir.

 

Vous pouvez consulter la lettre ouverte à ce sujet publiée dans les médias.

 

La valeur du lac des Deux-Montagnes ne se limite toutefois pas à son eau: elle réside également dans sa richesse écologique

Le lac abrite un vaste écosystème naturel qui subsiste encore à ce jour, malgré les nombreuses pressions d’origine anthropique qu’il a subies au fil de son histoire.

 

62 îles ponctuent sa surface, plusieurs d’entre elles étant d’ailleurs encore intactes en raison de leur isolement. Jumelées aux nombreuses rives encore sauvages du lac, elles abritent des peuplements végétaux d’origine, comme l’érablière à caryer ou à tilleul, en plus de nombreux marécages d’érablières argentées, de marais à scirpes et rubaniers, et d’herbiers aquatiques à nymphéas et myriophylles de Sibérie.

 

Cette mosaïque d’habitats variés attire une panoplie d’espèces fauniques qui font le bonheur des personnes amoureuses de la faune et de celles pratiquant la pêche. Le lac constitue ainsi un important secteur pour la nidification et l’alimentation des oiseaux, mais également pour la fraie des poissons. Achigans, dorés, esturgeons et perchaudes y foisonnent ainsi toute l’année.

 

Le lac est aussi l’hôte de la seule frayère à alose savoureuse (Alosa sapidissima) qui soit connue dans le réseau du Saint-Laurent. Ce poisson anadrome (qui naît en eaux douces, mais croît en eaux salées, comme le saumon) était autrefois pêché de façon commerciale dans toutes les Basses-Terres. C’est la construction des ouvrages de contrôle du niveau d’eau (Barrage suivi de la centrale de Carillon, Barrage du Grand-Moulin sur la rivière des Mille-Îles, Centrale de la rivière des Prairies) au cours du XXe siècle qui a sonné le glas de la pêche pour ce poisson dont les populations sont aujourd’hui considérées vulnérables au niveau de la législation provinciale. En effet, il n’y a plus qu’un seul chemin pour que l’alose atteigne son site de fraie dans le lac, soit en remontant le lac Saint-Louis via le fleuve Saint-Laurent, puis en traversant le canal de Vaudreuil. La dévalaison (retour vers l’océan) des adultes et des juvéniles se déroule en été, passant cette fois-ci principalement par la rivière des Prairies.

 

L’avenir

Tel que mentionné plus haut, le CRE de Laval appelle de ses vœux à ce que le lac des Deux-Montagnes soit classé comme « Sanctuaire d’eau propre » et que l’aménagement du territoire aux alentours soit pensé en conséquence.

 

À ce chapitre, le CRE de Laval salue l’intention de la Ville de Montréal de se doter d’un « Grand parc de l’ouest », territoire protégé englobant une grande portion de l’ouest de l’île de Montréal directement adjacente au lac des Deux-Montagnes.

 

Pour en savoir plus sur la proposition des CRE de Laval, de Montréal et des Laurentides concernant la création d’un Grand parc métropolitain sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui engloberait le Grand parc de l’ouest, le lac des Deux-Montagnes et de nombreux autres joyaux environnementaux, consulter notre communiqué de presse dédié à ce sujet.

 

Références

Gouvernement du Québec, « Banque de noms de lieux du Québec: Lac des Deux Montagnes ».

Réalisons MTL: Grand parc de l’ouest

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Portrait sommaire du bassin versant de la rivière des Outaouais.

Lettre ouverte parue dans La Presse+: Pour la création d’un sanctuaire d’eau propre dans la région métropolitaine

Robitaille, J. (1999). Bilan régional Portion lac des Deux-Montagnes. Zone d’intervention prioritaire 24. Environnement Canada.

SÉPAQ: Portrait du parc national d’Oka

 

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